Histoire de la Compagnie

Le Quarantième Rugissant, implanté à Graulhet dans le Tarn depuis 2003, devient en juin 2008 le Théâtre du Rugissant. Cette compagnie, fondée en 1995, est le fruit de la rencontre entre un comédien et une musicienne, Arnaud Vidal et Natacha Muet. Ils ont fait tous deux leurs classes auprès de Sophie Robert et Patrice Cuvelier, fondateurs de la Compagnie Babylone. Leur premier spectacle, petit cinéma ambulant avec boniment chanté et musique en direct, est conçu au sein d’une roulotte qu’ils ont construite, baptisée Cinérama. Cette création a posé les marques, les différentes directions artistiques du travail  accompli depuis lors  et des aventures théâtrales à venir : amour des arts forains, de la machinerie traditionnelle du théâtre, du cinéma muet et des narrations « cinématographiques », du chant et de la musique au service de l’image, des créations collectives et des rencontres artistiques.

 

Cinérama

Cinérama 1Dans cette première roulotte naît le Cinérama, plus petit cinéma du monde, spectacle où ils projettent des courts-métrages muets noir et blancs, tournés à la caméra à manivelle, qu’ils accompagnent en direct au piano et à la percussion.

Suivront deux entresorts forains, créés avec la Compagnie Babylone : La Tour (1997), petit drame en trois actes pour quatre comédiens et deux musiciens et A Feu et à Sang ! Grandeur et décadence d’un empire, créé en avril 2000. La roulotte est alors transformée en « plus petite salle de théâtre du monde » à l’aide d’éléments traditionnels tels que toiles peintes, trappes, poulies et autres machineries folles.

En septembre 2000 naît la première rencontre artistique entre le Rugissant et la Compagnie des Chiffonnières. Ils créent ensemble La Peur au ventre, une histoire presque vraie, un entresort forain relatant la vie de M. Chouk, resté enfermé dans son grenier pendant plus de cinquante ans pour échapper d’abord à la guerre, puis au sort réservé aux déserteurs, enfin aux rumeurs et aux sursauts du monde extérieur.

Ces spectacles connaîtront un beau parcours et seront représentés dans de nombreux festivals, en France et à l’étranger.

Cinerama 2La fonction première de la roulotte marquera de son empreinte tous les spectacles qui y verront le jour : cinéma muet, cinéma hollywoodien des années cinquante, rétroprojection et post-synchronisation des comédiens, cinéma d’animation. La musique en direct, le conte et les boniments chantés sont le cachet particulier de ces spectacles. Enfin, telle une boîte à malice, la roulotte du Cinérama évolue au fil des créations, s’ouvrant tour à tour vers le haut, à l’arrière, pour aboutir à la forme finale du « Théâtre Voyageur et Démontable » construit pour Le Bal des Fous.

 

Le  Bal des Fous

En août 2003, le Théâtre du Rugissant s’implante à Graulhet, dans une ancienne mégisserie, lieu de vie et espace approprié pour la construction du projet de « Théâtre Voyageur et Démontable ». Dans cette terre de Cocagne, la grande aventure du Bal des Fous commence, monté en co-réalisation avec la Compagnie des Chiffonnières.

Dès janvier 2005, l’équipe s’affaire à la construction de la nouvelle roulotte. En quelques mois, les Graulhétois voient l’édifice se monter, avec l’aide précieuse de nouvelles connaissances, artistes et artisans locaux.

Il s’agissait de construire un objet rare, une pièce unique, de faire aboutir un projet architectural et scénographique et de rééditer en son sein la rencontre séduisante de l’univers forain du Cinérama et des marionnettes en musique des Chiffonnières, déjà expérimentée dans La Peur au Ventre. Ce petit théâtre ambulant doit devenir le réceptacle de toutes les passions humaines. Entre les murs de bois et de toiles résonnent les histoires insolites, drôles ou tragiques de ces hommes dont la raison vacille. Moby Dick, d’après Hermann Melville ; Le Crocodile, d’après Fédor Dostoïevski et Le pécheur de Tolède, d’après Anton Tchekhov, sont les trois courtes histoires qui permettent d’emmener le public au coeur de la folie des hommes.

Le Bal des Fous part sur les routes et connaît en peu de temps un succès qui dépasse les frontières de l’Hexagone (Espagne, Belgique, Danemark, Hongrie…), se joue en trois langues, et continue à sillonner les chemins actuellement.

 

Dans l’Œil du judas

En 2009, la compagnie se mobilise autour d’une nouvelle création, sous chapiteau, avec la volonté de développer les passerelles entre différentes formes de spectacle vivant : théâtre, marionnettes, musique et cirque. Autour du noyau des comédiens du Rugissant – Stéphane Boireau, Tamara Incekara, Elsa De Witte – se joignent Laurent Cabrol (cirques Trottola, Romanès…) et Cathy Chioetto (Compagnies Okupa Mobil, Le Phûn…). Créé sous chapiteau, le spectacle est conçu pour s’adapter tout autant à la salle et à la rue. L’ŒŒil naît d’une scénographie – un immeuble en coupe adapté aux dimensions des marionnettes – de la galerie de personnages qui l’habitent et du souhait de la Compagnie de renouer avec l’écriture collective, la création d’un scénario, et d’une forme de narration sortie tout droit de nos imaginaires.

L’équipe se réunit donc en séances de réflexion et d’improvisation autour de thématiques puissantes : rumeur, racisme ordinaire, regard de l’autre, amours perdues…
Après un an de travail, écriture, marionnettes, décor, costumes, musique et mise en scène – la première de Dans l’Œil du judas est donnée à Albi puis à Graulhet en mars 2010. Depuis, il a parcouru de nombreuses scènes de France, festivals et théâtres, et poursuit son chemin sur les routes d’Europe (Portugal, Luxembourg, Belgique, Monaco…)

 

La Rugissante

Depuis plusieurs années, Natacha anime des ateliers de chant polyphonique avec le public graulhétois. Arrangements maison de chants du monde et compositions séduisent ces chanteurs et chanteuses amateurs, dont le nombre s’accroît avec le temps.

En 2011, ce groupe se monte en chorale, La Rugissante, et se produit pour la première fois à l’Auditorium de Graulhet, en 1ère partie du groupe vocal italien La Squadra di Genova.

 

 

 

Photos : Vincent Muteau (sauf mention contraire)